agitation de milieu d'après-midi

*Shmuel étudiait pour la dernière fois le menu qu'il avait prévu de faire servir à la Cour ce soir-là. Ermolaï l'avait prévenu, il allait présenter une future épouse à Nikolaï et Shmuel savait à quel point le Tsar devait en souffrir. Lui aussi il aimait bien Lady Louison, la Tsarin et savoir que bientôt, il allait en arriver une autre, ça lui serrait le coeur. Il connaissait par coeur les goûts de chacun au palais et ça lui retournait le ventre de penser que plus jamais il ne préparerait de gibier sans voir le joli sourire de Madame quand elle demandait, innocemment, à "Stepan" ce qu'il allait faire à dîner. Non, ce soir, il faisait le plat préféré de Nikolaï, caviar sur lit de pommes de terre cuites sous les braises. Pour le gibier, il attendrait que la douleur de la perte de Madame s'estompe dans les yeux du Tsar.*

Ermolai pénétra en tout hâte dans les cuisines. Il aperçut Shmuel et fondit sur lui. Un inconnu qui aurait surpris la scène aurait craint un meurtre, tant Ermolai avait le visage fermé. Il ressemblait à un bloc de glace lancé à toute vitesse contre un pauvre terrien sans défense face ce bout d'iceberg. Il hurla presque:

-Stepan!

Puis il dit,plus calmement, se rendant bien compte que, comme à son habitude, il traumatisait tout le monde:

-Le mariage est prévu dans deux jours! Il me faut des menus de gala très rapidement. Demain, à la première heure!

Ermolai dormait très peu: un souvenir des campagnes de guerre. Il se couchait rarement avant minuit et se levait avant l'aurore, vers 4h 5h du matin. La première heure, c'était donc 4h du matin. Il demanda ensuite, par habitude:

-Qu'est-ce qu'il y a pour le dîner de ce soir?

- A la première heure? Tu es vache!

*Shmuel, contrairement à Ermolaï, dormait comme un bébé. Depuis qu'il avait quitté la Pologne, il avait retrouvé le sommeil. Son nouveau nom jouait sans doute un rôle important là dedans, plus de crainte d'être réveillé en pleine nuit par des attaques de saoûlards en mal de victimes, plus de stress lié à la peur de se savoir épié sans arrêt... Il soupira.*

- Passe en fin de soirée, je te ferai ça avant d'aller me coucher. Ce soir, c'est caviar/pommes de terre. Simplissime, on est d'accord, mais bon, je me voyais mal faire autre chose. Au moins avec ça, on a une chance qu'il touche à son assiette.

*"Il" c'était évidemment le Tsar.*

- Par contre, je pensais, il faudra se passer d'escargots... Difficile d'en faire venir de France en deux jours...

*Les escargots, c'était le péché mignon de Shmuel. Il en casait à toutes les grandes réceptions et la Cour était connue pour la délicatesse de ce met qu'il choisissait-vivants!-toujours avec le plus grand soin en France-même pour pouvoir les cuisiner frais ici, dans les cuisines de la Cour de Russie.*

Ermolai fit un signe affirmatif de la tête: bonne idée, caviar/pommes de terre. Depuis la mort de sa femme, le Tsar ne s'alimentait plus vraiment et ça commençait à devenir préocupant.

-D'accord, je passe à 11h, précises. Et tant pis pour les escargots. Au moins, je n'aurais pas mal à l'estomac dans la nuit, ce jour là!

Ermolai n'aimait pas spécialement les escargots et l'ail qu'il y avait dans la préparation le rendait toujours malade.

-Il faut que j'y aile. J'ai encore le décorateur à voir, les musiciens et j'en passe.

Il fit un bref salut - tout ce qu'il y avait de plus militaire, comme à son habitude- à Shmuel et sortit comme il était entré: en courant d'air.

*Shmuel étouffa un début de rire. Ces militaires et leurs horaires... Mais enfin 11h, ça lui allait, le service serait fini et il aurait les rapports des serveurs. Il aurait également eu le temps de patager les restes entre les chiens et les dons aux serviteurs. Sa journée finissait à peu près à ces heures là pour recommencer vers 9h, heure à laquelle il s'occupait du déjeuner. Les petits-déjeuner, c'était l'affaire des commis. Lui, il allait tranquillement faire le marché à 9h et revenait au cuisines vers 10h30 afin que le service put commencer à midi. Après quoi il avait quelques heures de repos. Il s'occupait du dîner vers 18h pour qu'il soit servit vers 20h. Un emploi du temps qui lui convenait. La journée était ainsi équilibrée, aux heures de frénaisie succédait celles de repos. Parfait pour profiter à fond d'une vie...*

Angélique suivait un page qui les emmenait vers les cuisines, elle et Lorelei, dont elle était la femme de chambre. Elles avaient rencontré Ermolai qui, pressé, les avait confiées au page. Elles avaient voyagé pendant plusieurs jours, elles étaient fourbues. Angélique avait le dos en compote et une faim de loup. Elle aurait avalé un boeuf. Tous trois entrèrent dans les cuisines et le page les laissa. Elle s'adressa à un homme qui semblait donner les ordres:

-Bonjour, ma maîtresse et moi même aimerions nous restaurer un peu. Serait-ce possible?Nous venons de Cologne la route a été longue.

Puis elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas présentée:

-Je suis Angélique Fèbvre, la dame de compagnie de la comtesse Lorelei Von Köln.

*Un brin ahuri, Shmuel se retourna au son de la voix d'Angélique. Voilà donc une des jeunes filles. Il regarda Lorelei et Angélique avec la même curiosité polie. La peut-être future Tsarin était fort belle. Pour la première fois depuis la mort de Louison il entrevit un espoir d'une Cour de nouveau pleine de vie, de fête et de rires. Son sens de l'hospitalité prit le pas sur sa curiosité. Il leur tira gentiement deux chaises et amena une table de verre magnifique. Une des tables qui servaient de pose-plats. Il s'interrogea une demie-seconde sur ce qu'il allait leur servir et décida de faire simple, c'est à dire leur demander leur avis sur ce qu'elles allaient mettre dans leurs estomacs.*

- Bonjour, je suis Stepan Pushkin. Je vous souhaite la bienvenue en notre nom à tous! Asseyez-vous, je vous en prie! Je ne sais trop ce que vous avez envie de manger, alors demandez, je vous le servirai! Le dîner sera servi à 20h et évidemment vous y êtes conviées.

*Il se tourna vers Angélique.*

- Vous pourrez dîner dans les cuisines, mademoiselle.

*Puis il dit à Lorelei*

- En revanche, vous êtes attendue à la salle à manger, si vous le désirez. Il y aura le tsar et sa famille mais aussi une partie de la Cour, vous verrez, vous ne serez pas dépaysée.

Lorelei n'était pas de bonne humeur, non,vraiment pas. Et ça n'avait rien à voir avec l'inconfort du voyage. Ca, c'était secondaire. Ce qui la mettait dans tous ses états, c'était d'avoir été choisie, parmi tant de prétendantes. Franchement, ça ne se voyait pas qu'elle était là par obligation? Elle n'en avait que faire, du Tsar de Russie. Elle voulait juste que ses parents la laissent enfin tranqille. Et s'en était le prix. Mais bon, elle avait encore une chance de passer à travers.
Exténuée, elle se tourna vers Angélique, sa dame de compagnie mais plus encore, son amie.

-Moi, je vais manger un peu et puis je vais aller me coucher. Mais toi, tu es libre, je vais dormir, de toutes façons.

Ca m'empêchera de penser, se dit-elle.

-J'aimerais bien quelques gâteux, s'il vous plait. Ce que vous avez fera parfaitement l'affaire.

Elle était d'une humeur d'ours, c'était dit!

*Shmuel inclina légèrement la tête. C'était là sa façon de lui signifier qu'il avait enregistré ce qu'elle lui avait demandé. Il lui apporta un assortiment de tous les gâteaux qu'il avait pu trouver. Il ne connaissait pas encore les goûts de la demoiselle et ne pouvait donc lui apporter exactement ce qu'elle voulait. Il déposa devant elle une dizaine de petites assiettes. Il y avait de tout, tarte aux pommes, forêt noire, fondant au chocolat, charlotte aux fraises, ... Il déposa également une grande tasse de chocolat chaud devant Lorelei, puis il se tourna vers Angélique et demanda*

- Que puis-je vous offrir, mademoiselle, qui vous fasse plaisir?

Angélique sourit à l'homme si serviable qui avait réussi un tour de force mémorable: redonner le sourire à Lorelei lorsqu'elle était d'humeur massacrante. Une forêt noire, pour une Prussienne, c'éait comme le soleil en pleine nuit. Et un chocolat chaud en plus, il avait frappé fort. Très fort. Elle entendit Lorelei dire:

-Merci beaucoup, c'est adorable!

Elle même trouvait cet homme charmant et très attentionné. Très perspicace aussi. Habitué sûrement à deviner les goûts des gens, à devancer leurs désirs, à les rempir même s'ils ne les avaient pas énoncés. Il n'aurait pu faire plus plaisir à Lorelei. Elle répondit à son tour:

-J'aimerais bien juste un café s'il vous plait, si le dîner est à 20h, je ne vais pas manger maintenant. Je peux encore attendre deux heures.

Anushka finissait sa vaisselle et laissa, comme à chaque fois qu'elle faisait un travail manuel, ses oreilles trainer. Il était assez tard, mais elle n'avait pas sommeil et s'était portée volontaire pour terminer les dernières tâches... Elle n'était pas de petit déjeuner le lendemain matin.

Vlad Valako, un des soldats rentré le jour même avait fait intrusion dans les cuisines en les ignorants tous, comme chacun faisait. Il voulait parler à Stepan, et à Stepan il parlait. La soirée avait été un peu dense, et comme elle avait pris son service en retard, elle ne savait pas si L'Intendant des Cuisines avait fini le dit menu. Elle tendit l'oreille, au cas ou il aurait besoin d'elle. Elle aimait bien Stepan, il était juste et avait une personalité qui lui plaisait.

- Ah, oui, d'accord! Le menu...

*Il avait eu une soirée plutôt agitée et il avait écrit le menu entre deux urgences, alors évidemment, il ne savait plus où il avat bien pu le poser...*

- Je ne savais pas que tu étais de retour au palais! Ah, le voilà!

*Il brandit triomphalement le menu en direction de Vlad.*

- Celui là, c'est celui pour demain, enfin aujourd'hui. Tu m'a compris. Et celui là c'est celui pour le mariage! Enfin, j'ai fait ça vite fait, alors bon, je ne garantis pas le génie de la chose...

*Bien sur Shmuel n'avait pas non plus fait le menu à l'aveuglette et tout ce qu'il avait proposé était du plus grand raffiné: en-cas de caviar, huîtres, melon d'Espagne, sangliers, poulets rôtis à la broche, faisans, bananes flambées, gâteaux en tous genres,... Mais évidemment, pas de gibier. Il tenait à éviter de faire de la peine au Tsar.*

- Anushka, je peux te demander d'apporter au général Valako la surprise de demain soir s'il te plait?

*Il se tourna vers Vlad dans un sourire.*

- Enfin, ce n'est qu'un aperçu de la chose...

*Il avait passé du temps à mettre la recette au point mais maintenant, elle était parfaite. Il s'agissait évidemment du gâteau de mariage. Il serait immense. La version qu'il proposait ce soir était une version test. Qui était pafaite!*

L'agitation dans laquelle Valako plongeait Stepan fit grandement sourir Anushka qui dut lutter pour ne pas se dévoiler. Enfin, il lui demanda d'aller chercher le gâteau.

Elle hocha discrètement de la tête, se rinca et s'essuya les mains avec soin avant de s'éclipser dans le garde-manger. Tout au long du service, elle avait observé le chef et sa création, et elle en avait révé tout au long de la soirée, malgré le caviar sur pommes de terres...

Elle ramena le lourd plateau en argent et le présenta au général Valako. "Un apperçu de la chose"! Cela lui donna encore plus envie de rire... Il y en avait pour au moins dix personnes, et son apperçu était un pur chef d'oeuvre!

Elle réalisa que décidément, malgré la disparition de leur grande Madame, elle était de fort bonne humeur aujourd'hui.

- Merci beaucoup Anushka! Au fait, Vlad, je te présente Anushka. Anushka, voici Vlad. Vous n'avez pas du vous rencontrer beaucoup, on trouve rarement les soldats dans les cuisines... Enfin, j'imagine que tu as du sommeil à rattraper, Vlad, et je ne veux retarder personne alors, eh bien, goûtes-y et donnes-en également un morceau à Ermolaï s'il te plait!

*Il découpa alors savament le gâteau. On sentait les années d'expérience dans sa manière de procéder. Il se fit la réflexion qu'il avait concocté son premier gâteau à dix ans, pour le compte d'un riche marchand. Ce qui leur avait probablement évité, à lui et à sa famille, de subir le sort de nombre de leurs frères juifs lors du pogrom... Il pensa avec cynisme que finalement, cet ingrat de bourgeois avait fait une bonne action en l'exploitant sans relache.*

hj: reste un peu avec Anushka dans les cuisines quand Vlad sera parti, comme ça on pourra discuter!

Anushka esquissa une modeste courbette face au soldat. Elle avait toujours eu horreur de cela, les courbettes et les manières... mais cela faisait partie du jeu, et comme elles servaient son intéret, elle s'était faite une raison.

Non, ils ne s'étaient jamais rencontrés. En revanche, elle avait rassemblé sur lui autant d'informations qu'elle pouvait, ce qui n'était pas facile puisqu'il passait le plus clair de son temps sur les champs de bataille. C'est fou à quel point les gardes parlent sur leur supérieurs quand on leur sert de la mauvaise vodka!

Elle ne traina pas vraiment. Anushka n'apréciait pas de se faire trop remarquer et elle avait encore un peu de rangement à faire pour que l'équipe du matin ne soit pas trop surchargée de travail. Elle s'y atela pendant que les deux hommes terminaient leur discussion qui ne pourrait pas encore durer des lustres étant donnés l'air ensomeillé du général.

hj: je ne bouge pas.

Angélique entra de nouveau dans les cuisnes, mais pas pour dîner, comme elle l'avait dit au chef cuisinier, quelques heures plus tôt. Un fâcheux contre-temps, une crise de nerfs de Lorelei!, l'avait retenue et elle ne passait que pour éviter que le chef ne l'attende en cuisines. Lorelei avait besoin d'elle, cette nuit plus que jamais. La pauvre était dans tous ses états. Et elle la comprenait...
Lorsqu'elle était enfin devenue veuve, Lorelei avait bondi de joie. Seule une veuve a quelques libertés et une fortune propre. Mais ses parents n'avaient pas tardé à lui gâcher la vie et rebelotte. C'était sa seule chance, d'être refusée par le Tsar, pour pouvoir vivre enfin tranquille dans son palais, à Cologne. Une énorme pression pesait sur ses épaules, elle le savait bien. C'était déjà un miracle qu'elle n'ait pas craqué avant... Lorsqu'elle entra, elle aperçut tout d'abord un militaire. Elle s'inclina profondément, comme la coutme l'exigeait en disant:

-Bonjour Monsieur.

Puis elle s'adressa à l'Intendant des cuisines:

-Monsieur, je suis désolée de mon retard, je viens juste vous prévenir de ne pas m'attendre avant de fermer les cuisines, je dois retourner auprès de ma maitresse qui est légèrement indisposée.

Elle fit un signe de tête à la jeune fille qui travaillait. Son regard dévia sur le gâteau: une splendeur, elle n'en avait jamais vue de telle. Décidément, la Cour de Russie n'usurpait pas sa réputation...

hj: j'adore le personnage d'Anushka!!!

Anushka vit un nouveau visage pénétrer dans les cuisines. Cela l'étonna beaucoup pour la seule et unique raison que la jeune femme lui était inconnue. Or, elle connaissait tous les domestiques travaillant au château, entre autre. Elle en déduit donc qu'il devait s'agir de la dame de compagnie de Lorelei von Köln, l'une des prétendante du Tsar arrivée dans la fin d'après-midi... On avait déjà commencé à chuchotter.

La nouvelle venue s'inclina devant Stepan et le Vlad et avant de s'adresser à l'intendant des cuisines. Puis elle la gratifia d'un petit hochement de tête auquel Anushka répondit accompagné d'un très léger sourire. Bien qu'un peu distant, cela avait toutes les formes d'un Bienvenue! Elle se promit de faire les choses en bonne et due forme un peu plus tard.

Puis elle vit le regard de la dame de compagnie glisser langoureusement sur le gâteau et cela la ramena à sa propre faim. Bon Dieu! Elle allait encore rêver de la merveille toute la nuit!

hj: merci! je trouve aussi vos perso extra!

*Shmuel salua Vlad. Il connaissait le général depuis un bout de temps même si finalement, il ne le connaissait pas encore tellement. S'il restait un peu à la Cour, il aurait plaisir à le revoir et à apprendre à le connaitre mieux. Shmuel était ainsi, il aimait rencontrer la personne qu'il avait en face de lui. Cela n'était pas vraiment le genre de l'endroit où la superficialité régnait souvent, mais c'était un reste de son ancienne vie dont il n'arrivait pas à se défaire. L'apparition d'Angélique le rappela à la réalité.*

- Ah, bien, j'espère que son indisposition n'est pas trop grave! Vous savez, je pense qu'elle a de sérieuses chances d'être choisie par le Tsar! Ce serait dommage qu'il ne la voit pas sous son meilleur jour.

*Il avait dit cela pensant faire plaisir, pensant que le stress était à l'origine de l'indisposition de Lorelei.*

- Si je peux faire quoi que ce soit...

*Voyant le regard d'Angélique se poser sur le gâteau, il coupa la moitié de ce qu'il restait -c'est-à-dire quelque chose d'assez conséquant- et le tendit à Angélique.

- Pour vous et votre maîtresse! Nous aurons le plaisir de dîner ensemble un autre soir, n'est-ce pas?

*Encore cette habitude du contact, certes, mais plus qu'une question, c'était une affirmation. Nikolaï choisirait très certainement Lorelei. Shmuel se demandait pourquoi donc Ermolai avait amené les autres filles, lui-même devait bien savoir que Lorelei était celle qu'il fallait... Il faudrait qu'il pense à lui en toucher deux mots.*

Angélique savait bien aussi que sa maîtresse avait de très sérieuses chances d'être choisie. Elle était très belle, très cultivée... Et c'était précisément ce qui la désespérait. Mais elle même n'arrivait pas à ressentir de tristesse. Elle adorait déjà cet endroit, elle aurait plaisir à y rester. Par rapport, le château de Cologne était sinistre. Vide et froid comme le marbre qui le composait. Mais elle comprenait Lorelei, plutôt l'ennui qu'une cage, fut-elle en or fin serti de diamants...

-Oui, ça va mieux, elle est juste encore un peu faible...

Elle ne pouvait pas lui dévoiler le fond du problème, non, vraiment pas... Elle s'inclina lorsque Stepan lui offrit du gâteau:

-Merci c'est très gentil de votre part! Cela fera très certainement plaisir à ma maîtresse! Oui, nous aurons l'occasion de nous revoir, sûrement...

Elle lui fit un grand sourire, comme à son habitude. Quand elle était petite sa mère disait toujours qu'elle avait un sourire à battre des montagnes. Elle n'avait jamais bien compris le sens de l'expression.
Elle sourit également à la jeune fille présente et sortit en disant:

-Merci encore, au revoir!

Si elle avait été sur un tabouret, Anushka en serait tombé! Ses oreilles ne l'avaient pas trahie, le général s'était excusé. La dernière fois qu'elle avait entendu un général s'excuser auprès d'un domestique c'était... non, là elle séchait. Elle réalisa qu'elle avait eu tort de penser qu'elle savait tout ce qu'elle avait besoin de savoir sur Vlad Valako parce que deux ou trois ivrognes avaient réussi à aligner les mots "général", "intraitable" et "toujours en campagne". Foutus ivrognes! La prochaine fois elle ferait plus attention, dès qu'ils étaient trop saoûls, ils étaient capables de traiter la Sainte Vierge de femme de petite vertue et le Seigneur de tyran.

- Le plaisir est partagé, général. Mais ne vous excusez pas, votre présence montre que je ne suis pas la seule à faire mon devoir aussi tard, répondit-elle avec sincérité.

Elle sourit au général juste ce qu'il fallait. Elle avait beaucoup de travers, mais ne souhaitait pas être prise pour une fille facile.

- C'est vrai qu'on a du travail... Mais au moins ça sera fait. Sais-tu que le prince Aleksandr ne sera pas au mariage?

*Shmuel avait ouie dire que le prince avait été envoyé en Ukraine un peu plus tôt dans la journée.*

- On a une chance que ça se passe bien...

A présent, les fourneaux étaient impecables et Anushka prépara les plateaux de fruits pour qu'ils soient près pour le lendemain matin.

Voilà pourquoi elle était de si bonne humeur... La disparition du terrible Aleksandr avait visiblement détendu l'atmosphère, et étrangement, tout le monde s'en était trouvé d'humeur beaucoup plus relachée.

Stepan avait raison. Tant qu'Aleksandr n'était pas là, les choses ne pouvaient que bien tourner... Mais elle ne voulais pas le moins du mondre être à la place de la pauvre âme qui allait épouser Nikolaï pendant que le terrible prince était absent, car à son retour il allait certainement lui rendre l'existence insoutenable...

hj: désolée pour le cafouillage... mais je suis pas douée!