Au son d'une belle après-midi

Anushka remontait des écuries en flânant par le Champ d'Aphrodite lorqu'elle reconut Anna qui discutait. Elle travaillait tout le temps ces derniers jours, et elles n'avaient pas trop eut le temps de discuter... Elle ralentit le pas, consciente de faire intrusion dans la conversation.

Elle se dit que si Anna donnait des signes d'inconfort, elle s'incrusterait, et si non, elle rentrerait au château...

Anushka sursauta et faillit laisser échaper un petit cri de surprise. Elle n'était pas si stupide d'habitude mais dans sa tentative de perçer à jour l'état d'esprit d'Anna, elle n'avait pas entendu l'étranger arriver, et quand elle se retourna, elle eut presque peur. La première chose qu'elle vit furent ses yeux, deux énormes yeux bleus qui la transperçaient littéralement. Ce ne fut qu'après qu'elle remarqua les sourcils broussailleurs, l'énorme barbe noire et les cheveux en bataille.

Mais d'où sortait-il? Mais encore plus important... comment connaissait-il son nom?

Elle reprit rapidement controle sur ses expressions et prit un air inocent.

- Permettez, mais je n'écoute pas aux portes...

ce qui était totalement faux puisque c'était son activité favorite depuis qu'elle était arrivée.

- ... et vous, ne vous a-t-on jamais dit qu'il était impoli de surprendre les gens comme cela?

- Non, du tout. Je ne vous avais absolument pas entendu arriver. En revanche, permettez-moi de vous contredire, mais jusqu'à preuve du contraire, l'indiscrétion n'est pas un pécher mortel.

Son visage ne lui revenait vraiment pas. Elle avait beau avoir des blancs ces derniers jours, un type comme celui-là, elle ne l'avait jamais rencontré, et il devait certainement être arrivé de fraiche date.

- Et tant qu'à être indiscrète, je crains que nous n'ayons pas été présentés. Car s'il est surprenant que vous sachiez comment je me nomme, il l'est encore plus que je ne sache pas comment vous vous nommez. Voyez-vous, je suis censée savoir à qui je m'adresse, histoire de ne pas commettre d'impair.

Un fermier? ermite, guerrisseur et mystique? Qui était cet homme? Le Tsar savat-il seulement qu'il était entre ses murs? Etait-il un de ces charlatans qui lisait la bonne aventure sur les marchés ou un envoyé de Dieu? Anushka se posa toutes ces questions à toute allure, mais la fixité perturbante de ses yeux l'empêchait d'arriver à une conclusion claire. Que lui voulait-il? Qu'est-ce qu'un mystique pouvait bien lui vouloir? Alors qu'elle n'était que domsestique...

- Comme vous le savez déjà, je me nomme Anushka Gavrilovna, et je suis domestique au château... laissa-t-elle échapper dans un frisson d'effroi.

Elle ne semblait pas pouvoir lui cacher qui elle était, ce qui aurait été malvenu quoi qu'il en soit. Mais ce frisson glacial qui lui parcourait l'échine malgré la chaleur de la journée ne présageait rien de bon. Elle devait reprendre contenance. Après tout, ils n'étaient que deux personnes se rencontrant pour la première fois. Et même si elle avait du travail, une conversation polie s'imposait.

- Alors vous devez être un homme d'église, à n'en point douter... J'imagine que c'est ainsi que vous connaissez mon nom. Et puis-je me permettre de vous demander quelles affaires peut avoir un ermite dans la plus grande Cour d'Europe?

Elle franchissait les limites. Sa curiosité n'avait d'égale que son apparente impolitesse. Elle aurait voulu lui faire comprendre qu'il n'y était pas le bienvenu qu'elle n'aurait pas pu s'y prendre de meilleure façon... Mais elle n'y pouvait rien. Il avait ce côté fascinant qu'ont les personnes qui vous glacent le sang, et Anushka avait toujours fait son possible pour ne tomber sous la coupe, ou la fascination, de personne. C'était un cercle trop vicieux pour tenter d'y plonger la tête.

Anushka avait un mal fou à soutenir ce regard. Cet homme n'était pas ordinaire, c'était pas peu dire. Et pour que le Tsar lui-même l'ai fait mander, il ne devait pas être le charlatant moyen.

Elle détourna le regard et se mit à étudier ses pieds. Anushka ne savait pas ce qu'il avait lu dans ses yeux, mais elle ne tenait pas à ce qu'il continue. Elle se sentait presque violée de ce regard sans faille qui plongeait en piqué en elle sans sa permission et se sentait comme une poupée de chiffon entre les doigts habiles et impitoyables de Boleslav.

- Puis-je faire quoi que ce soit monseigneur? bafouilla-t-elle sans quitter ses chaussures du regard.

Anushka aurait presque préféré qu'il l'attaque de front, qu'il lui pose des questions. A cela, elle savait réagire, tout du moins, elle en avait un peu plus l'habitude. Mais ce regard impitoyale était insoutenable. Elle lui aurait avouer presque n'importe quoi pour qu'il arrive de la fouiller ainsi.

Un adepte de l'église... Son catholicisme allait être mis à rude épreuve, et si elle ne faisait pas profil bas, les problèmes n'allaient pas être loin.

- Non, cependant, les hommes d'église ont droit à de certains égards. Et je ne peux pas vraiment vous apeler mon père ou quoi que ce soit d'autre puisque vous ne vous êtes pas présenté ainsi.

Anushka releva rapidement les yeux, car il était impoli de parlrer aux gens sans les regarder. Ce qu'elle y vit lui donna l'envie de prendre ses jambes à son cou. Il fallait absolument qu'elle trouve une excuse pour partir. Ce type était vraiment trop étrange, elle n'était plus vraiment certane qu'il soit un envoyé de Dieu... Car qui d'autre qu'un démon pourait avoir des yeux pareils?

- Je ... Je vais aller m'assurer que votre chambre est prète si vous désirez... balbutia-t-elle.

- La vision de Dieu? Vous répandez la vision, la parole de Dieu sans être reconnu par l'Eglise? Comment cela est-il possible?

Anushka n'était pas certaine que de tels propos ne soient pas blasphématoirs. Seule l'Eglise connaissait la parole de Dieu, et pas les hommes... Comment cet homme-ci pouvait-il se prétendre prophète? Elle était extrèmement mal à l'aise face à l'expression étrange de son visage... mais elle ne pouvait plus le quitter des yeux. Il était extrèmement dangereux pour le Tsar de faire venir un faux-prophète...