un nouveau départ (pv le patron/Luka)

*Luka attendait son patron qui devait revenir de voyage. Il se remettait tant bien que mal de ses blessures, et s'il ne boitait plus du tout, son dos le faisait encore souffrir dès qu'il se déplaçait. Plus cette douleur aigue qui le transperçait auparavant mais une douleur sourde toujours présente, épuisante. Il ne tenait debout que quelques pauvres heures par jour et la tête lui tournait dès qu'il sortait. Bijou lui manquait mais il ne pouvait pas se trainer jusqu'au rat d'égouts. Sans parler de ses performances physiques qui resteraient nulles encore probablement longtemps... Cela le désespérait d'ailleurs. Il ne se sentait pas le courage de se présenter dans cet état là tout en sachant qu'il ne pouvait pas rester plus longtemps sans donner de nouvelles...*

Aleksei n'avait qu'une hâte: rentrer enfin. Et à en juger par l'accélération de son galop, Boris pensait la même chose. Il n'était pas frileux, il avait vécu en Sibérie, petit, et il pouvait même dire qu'il était devenu insensible à la chaleur et au froid. Là haut, ces mots ne voulaient plus rien dire, et ils avaient disparu de son vocabulaire. Mais il n'empêchait que, comme tout le monde, Aleksei détestait être trempé. Et incontestablement, il l'était. La neige était tombée drue tout le long du voyage qu'il avait entrepris, en Sibérie précisément. Et s'il n'y avait pas eu urgence, il aurait rebroussé chemin, au moins pour son brave cheval. Il ne craignait pas le froid non plus, mais l'eau trempait son pelage dense et alourdissait le moindre de ses mouvements. Aleksei le sentait fatigué. Et ce n'était pas parce qu'il accélérait le galop, en fin de course, qu'il allait mieux. Il le laissa faire, pressé de rentrer, lui aussi. Et pressé de voir dans quel état était Luka... Enfin, il aperçut la ville, puis la boucherie, et enfin, après une semaine de voyage, il descendit de Boris. Il tenait toujours dans ses bras une petite boule enveloppé dans une fourrure. Il le posa par terre et s'occupa de Boris. Pendant une heure, il le pansa pour le sécher. Et enfin, il rentra dans la boucherie, le petit paquet dans les bras.

-Luka? Tu es là?

Question idiote, bien sûr qu'il était là, il était trop mal en point pour se déplacer.

*Perdu dans ses sombres pensées, Luka ne répondit pas immédiatement, comme si le son s'était perdu quelque part dans l'air avant d'arriver à ses oreilles.*

- Oui *répondit-il d'une voix rendue rauque par le manque de paroles de ces derniers jours* je suis dans la pièce à côté.

*Il aurait aimé se lever, aller à la rencontre d'Alexeï mais les quelques centaines de mètres qu'il avait faits dans la journée pour aller chercher de la nourriture au marché lui pesaient horriblement sur le dos.*

- Tu as fait un bon voyage?

*Question stupide s'il en était vu le temps, mais enfin, il n'avait pas le coeur de commencer par son état de santé...*

Aleksei jaugea l'état de Luka. Lui, ce n'était pas grave, il supportait les intempéries avec la force des rochers sur les falaises. Mais il avait quitté Luka dans un drôle d'état. Ca s'était un peu arrangé, mais pas de manière significative. Il ne pouvait pas encore marcher, et Aleksei soupçonnait Luka de faire un effort surhumain pour rester assis dans le lit.

Il balaya la question de Luka d'un mouvement de main et d'un haussement d'épaules: peu importait que son voyage ait été atroce, l'essentiel était qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait.

-Assieds-toi, j'ai une surprise pour toi.

Il tendit le petit paquet de fourrure à son ami, qui n'avait pas hésité à sauver sa vie, au prix de sa mobilité.

- Pour moi?

*Il se redressa péniblement sur le lit et attrapa le paquet. ça gigottait. Surpris, il lâcha la chose sur le lit plus rapidement que prévu. L'animal sortit, légèrement assomé. C'était un petit loup.*

- Ah! Ce sera très bien pour la boutique! Mais, où l'as tu trouvé?

*Les louveteaux ne se trouvaient pas comme cela, même dans un pays où chaque forêt en regorgeait. Il savait qu'Aleksei ne se serait jamais permis d'en retirer un de sa nature, alors il avait du l'acheter, mais les loups ne faisaient pas recette, surtout qu'ils devaient être certifiés "légaux" alors il se demandait bien où il avait pu le trouver. Il ressemblait à s'y méprendre à un loup de sibérie, il serait énorme à l'âge adulte vues ses pattes énormes.*

Aleksei sourit:

-En Sibérie. Et je te prie de croire que j'ai failli y laisser un bras.

Il s'expliqua, se rendant compte que l'affaire pouvait être incompréhensible:

-Un ours qui voulait en faire son déjeuner. J'ai du m'interposer... Mais ça vaut le coup, indubitablement.

Aleksei n'avait plus qu'une idée: se coucher, dans des couvertures en fourrure pour dormir, rattraper les heures de sommeil qui lui manquaient. Manger aussi, mais plus tard, après avoir dormi. Il était plus qu'épuisé.