La lecture c'est bien quand on est pas au palais pv DENIS

D'une certaine façon, cela n'arrangea pas les choses. Elle le prit avec humour. Elle recula d'un pas et écarta les bras, dévoilant sa pauvre livrée de domestique. Bon, elle n'était très vieille, mais tout de même, rien à voir avec les parures des grandes dames.

- Sincèrement, vous connaissez beaucoup de duchesses avec une toilette aussi ravissante que la mienne? Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave... juste extrèmement gênant...
Elle lui offrit un petit sourire.

Cécilia le regarda puis elle partit.

Ce Denis avait un esprit fort interressant malgré ses aspects inquiétants. Anushka ne savait pas vraiment ce qu'il voulait, mais il était indéniablement intelligent, et insaisissable comme une couleuvre...

- Vous avez totalement raison. Et après tout, il y a certainement des nobles dames qui doivent se déguiser pour desendre en ville. Mais je ne sais pas ce qui vous a fait penser que je puisse être une noble?Remarquez, ne pas juger les gens à leur aparence est plutôt une qualité. Tu ne t'entraines que sur moi? Om es-tu coutumier du fait? demanda-t-elle aimablement.

- Désolée... pour le vouvoiement. Ces temps-ci, tout le monde s'attend à ce que je les tutoie ces derniers temps, et cela a tendance à mettre mon cerveau un peu à feu et à sang de temps à autre.

Elle fixa une mèche derrière son oreille.

- Cela te perturbe? Tu as de la chance de ne pas te tromper souvent. Je dois dire que toutes ses questionnements sur moi m'ont également un peu perturbé. Je n'aurais pas crû être digne qu'on se demande à ce point qui je suis... En revanche, je m'interroge à présent sur qui tu es.

Anushka croisa ses bras pour se donner une contenance. Il était doué pour sauter les questions qui le gênaient et elle devait déployer un peu plus de concentration qu'à son habitude pour le suivre et essayer de le déchiffrer. Pourtant, elle adorait les défis, et cela en était un de taille.

Une fois de plus, il l'avait déstabilisée. Comme il l'avait si bien expliqué plus tôt, il était plus facile d'écouter les autres se raconter plutôt que de les interroger. Mais elle n'était pas certaine de réussir à retourner ses armes contre lui.

- Tu es terrible... Dis-moi ce que je dois savoir sur toi ! Tout ce que je connais c'est comment tu t'appelles et que tu te présente comme vagabond. Je ne sais pas moi... dis-moi.

- Une vie bien solitaire alors...

Cela la rendit songeuse. Elle avait tellement de chance d'avoir Vlad, et les autres pesonnes sur lesquelles elle pouvait compter au château.

- Vous n'avez jamais peur de manquer de compagnie?

- Tu vis en ville... Tu vis entouré de gens. Qu'ils ne te soient pas proches est une chose, mais tu voies le monde qui vit entouré. Cela ne t'as jamais fait envie? Tu ne t'es jamais piqué au charme de quelqu'un?

Anushka se rendait bien compte qu'elle sortait un peu des territoires requis à une deuxième rencontre, mais cela lui semblait étrange.

La discussion prenait vraiment un tour interressant. Anushka ne pouvait que se prendre au jeu. Où s'arrêtait et où commençait la flatterie? C'était assez difficile à dire. Ils lui faisaient penser à deux loups se tournant autour, ni l'un ni l'autre ne se lachant du regard, évaluant leurs forces, leur faiblesses, se jaugeant mutuellement, peu habitués à trouver un égal quand ce raport de force subtil qui les opposait au monde et qui faisait d'eux des êtres à part. Elle devait reconaitre en Denis, malgré les dificutlés qu'elle avait à le saisir, un semblable, ce qui lui arrivait peu fréquement. Il était un observateur.

- Cela pour sûr, ce genre de rencontre embellit ma journée, et s'il en est de même pour toi, j'en suis ravie, rien de plus triste qu'une rencontre où seul l'un des deux partis en tire quelque chose... Cependant, c'est peut-être parler un peu vite que de dire que j'aurais fait ce qu'on m'aurait dit de faire... J'ai assez de casquettes et d'indépendance pour toujours trouver moyen de ne faire que ce qui me plait... dans la mesure du raisonable, certes.

Sa bouche prit un rictus rusé et plein d'auto-satisfaction. Il était vrai qu'au final, elle ne changerait sa place au château pour rien au monde, tant que Shmuel était aux cuisines, sa vie ressemblait à un rêve.

- Ceci dit, il est vrai que je serais rentré sans avoir parlé à quiconque, sur ce point là, tu as totalement raison.