Nettoyage de la bibliothèque

Tout sourire, Ermolai s'exclama:

-A la bonne heure! Moi qui commençais à désespérer de l'alcoolisme des hommes! Eh bien me voilà rassuré, les femmes leur emboitent le pas! L'égalité des sexes, sans doute...

– Mais rassurez-vous, nous buvons avec modération. Il faut bien quelqu’un pour ramener les hommes chez eux. Question de survie de l’espère je suppose.

Ermolai pouffa:

-Oui, ça doit être ça! Comme les hommes de toutes façons sont incapables de prendre sur eux pour arrêter de boire quand il le faut... Mais trêve de conversation d'auberge. Vous plaisez vous, ici, malgré tout?

Il n’y a pas de réponse parfaite à sa question ? Est-ce que je m’y plaît ? J’ai connu pire. Est-ce que je suis heureuse ? Non, mais pas malheureuse pour autant. Je crois qu’au fond, j’espère juste que quelque chose va se passer. Quoi ? Je ne sais pas. Mais quelque chose. À force de lire des livres, je dois trop attendre de la vie et de ses surprises...

– Je fais ce qu’on attend de moi, répondis-je, j’espère juste que cela convient à mes employeurs.

Comment ça je ne réponds-pas à la question posée ?

Ermolai sourit: oui, il était difficile de répondre à une telle question, posée de but en blanc, malgré son apparente simplicité. Lui même, il y avait quelques années, aurait été bien en mal de répondre par autre chose qu'un "heu" des plus révélateurs mais assez peu élégant, il fallait le reconaitre. Elle au moins avait fait preuve de distinction et d'originalité.

-Alors je suppose qu'en quelques sortes, vous n'y êtes pas malheureuse. C'est déjà ça. Et je crois que vous convenez parfaitement à vos employeurs.

Puis, comme à son habitude, il sauta du coq à l'âne:

-Avez-vous déjà assisté à une pièce de théâtre, Anna?

Ermolai me sort de cette situation difficile en un clin d’oeil avant de changer de sujet.

– Avez-vous déjà assisté à une pièce de théâtre, Anna ? me demande-t-il.

– Je... Non. Jamais, pourquoi donc ?

-Parce que demain soir, il y a une farce jouée par une troupe de théâre itinérante sur la place du marché de Saint Pétersbourg. Accepteriez-vous de m'y accompagner?

Il savait qu'il était très direct, trop peut-être, et que ça pouvait la gêner, mais il avait vraiment envie qu'elle accepte. Et il n'était pas homme à prendre des gants, de toutes façons.

L’accompagner ? Mais... Euh...

– Vous n’avez pas peur que cela s’ébruite et que l’on sache que vous êtes sorti avec une domestique ? demandé-je timidement.

Bon, et il y a aussi le fait que je n’ai aucune robe décente, mais ça, c’est un autre problème.

Ermolai répondit simplement et clairement:

-Non.

C'était vrai, il n'en avait que faire de ce que pouvaient bien penser les autres. Il n'avait jamais prêté attention ce que l'on appelait si hypcritement son "image de marque". On le prenait tel qu'il était ou pas, mais ce n'était pas son prolème.

Eh bien, je suppose que... oui, puisque cela n’a pas l’air de l’inquiéter... Ça n’a pas l’air de l’enchanter tellement non plus, il fait tellement... sérieux !

– Si c’est ce que vous désirez, je me joindrais volontiers à vous, finissé-je par répondre en priant pour que Manuella me laisse sortir demain soir....

À tous les coups, elle donnera du travail à faire jusqu’à neuf heures du soir...

Ermolai sourit: elle avait accepté!

-Oui, c'est ce que je désire. Vous verrez, vous aller aimer. Ca commence à 21h, où voulez vous qu'on se retrouve? Ici, au château ou directement là bas?

- à 20h30 à la blibliothèque ? Proposé-je.

Hj: mais je ne serai pas a l'heure a cause de daniil ^^

Ermolai s'inclina:

-C'est entendu.

Puis il se réinclina et sortit, sur ces mots:

-Il faut que j'y aille à présent, des affaires pressantes. Je vous dis donc à demain!

hj: oui, j'ai vu ça! c'est torride entre vous!