Paradis fit la grimace:
-Aïe! Pas de bol... C'est pas l'apanacée, j'avoue... Enfin, vois le bon côté des choses, tu as un mois de répis. La prochaine fois, il est pour moi, ce vieux rat puant.
Rien que d'imaginer le corps flasque et velu de Barnard lui donnait déjà des hauts le coeur. Avait-on idée d'être répugnant à ce point? Elle avait déjà eu droit à deux nuits de Barnard depuis son arrivée, une catastrophe. Elle n'avait jamais rencontré d'homme aussi nul au lit. Une calamité, normal qu'il n'ait su attirer aucune femme. Il se jetait sur vous comme sur un bifteck bien tendre et c'était parti pour des heures de va et viens ponctuées de grognements. Ah on avait le temps de se refaire la manucure, pas de danger qu'il parvienne à son but avant au moins une heure...
-Sans entrer dans les détails scabreux, je dirais qu'il doit trop faire joujou tout seul, ça doit l'empêcher d'être opérationnel au moment M...
Puis elle répondit à la question de Bijou:
-Oui, j'avais le petit. Un amour, doux comme un agneau, et timide avec ça. J'ai passé une nuit délicieuse. Nul doute qu'il reviendra, il sera pour toi, tu verras le bonheur. Mignon comme un coeur. Et à la fin, j'ai même eu le droit à une déclaration d'amour dans les règles. Tu y crois, toi? Je l'ai gentiment mis dehors, et il est reparti, comme un gentil garçon.
Elle soupira:
-C'est sûr, c'est pas un Barnard... Tu me diras, un suffit amplement.
Puis elle posa une question qui la taraudait depuis qu'elle était arrivée:
-Pourquoi on t'appelle Bijou?
C'était un joli nom, un nom précieux, qui faisait plaisir à entendre.