Des Soins Particuliers

Irina ramena Kuolema dans le boxe qu'on lui avait attribué. Elle faillit se faire mordre par un frison noir qu'elle avait approché de trop près et prit mentalement note de garder ses distances.

Elle ne vit pas signe de palfrenier, ce qui ne la gênait pas. Elle avait toujours préféré s'occuper de Kuolema toute seule. Elle trouvait que c'était un juste retour des choses. Aussi bien qu'elle aurait été frustrée de préparer sa monture au départ pour qu'un autre la monte, elle trouvait cela injuste de l'abandonner une fois leur exercice terminé. C'était un rituel auquel elle détestait couper.

Irina s'affaira, sortant de ses fontes le matériel qu'elle avait amené avec elle. De même qu'elle n'aurait pas peigné des cheveux avec le peigne de quelqu'un d'autre, elle ne se voyait pas utiliser les brosses d'un autre cheval pour prendre soin de Kuolema.

- Non, je vous remercie, ça va, je me débrouille très bien toute seule, répondit-elle poliment.

Irina n'avait pas levé la tête, ni changé le rythme de ses mouvements. Cet instant était pour Kuolema, et faisait peu de cas du monde qui l'entourait. Ce n'était pas vraiment du mépris, mais plutôt une légère indiférence. Elle s'était détachée des autres il y avait déjà quelque années.

Léxia se promenait dans les jardins lorsqu'elle eut l'idée de faire une balade à cheval. Elle entra dans les écuries, mais ne s'attendait pas à trouver du monde, c'est pourquoi elle sursauta.

-Bonjour !

*Elle ne les avait jamais vus, elle en était sûre. Décidemment, elle n'arrêtait pas de rencontrer des gens.

Irina eut vaguement conscience du garçon d'écuries qui s'éloignait et d'une voix féminine... Mais elle voulait terminer avant de remercier le palfrenier d'être aussi peu collant. Elle ne voulait pas vraiment bâcler le travail, mais l'endroit allait bientôt être trop peuplé pour elle.

Léxia sourit au jeune homme, puis lui répondit sur le même ton.

-Bonjour ! Je suis enchantée de faire votre connaissance. Je suis Léxia Kraviskovzka.

Elle était tous sourires. Elle adorait rencontrer des gens, et elle n'arrêtait pas depuis quelques temps.

Léxia ne se départit pas de son sourir.

-Enchantée Roman !

Puis elle se tourna vers les chevaux.

-Ce doit être un beau métier, palefrenier ! S'occuper des chevaux, les nourir... J'aimerai tellement pouvoir en faire autant !

Un peu de tristesse l'envahie. Les nobles ne faisaient pas ce qu'ils voulaient et pourtant...

Les mots de la nouvelle venue tirèrent Irina de sa douce rêverie. Elle jeta un coup d'oeil à la jeune fille. Deux yeux bleus sur un visage blanc cerné de cheveux d'un noir de geai.

- Pourquoi ne vous occupez-vous pas vous-même de votre cheval si vous en avez envie? Il n'y a rien de dégradant à cela!

Irina avait été un brin brusque dans ses paroles. C'était dans sa nature, mais elle s'était plus emportée contre les pseudo-règles qui régissaient leur monde que contre la jeune fille elle-même. Cela viendrait peut-être plus tard...

Léxia la regarda, habituée qu'elle était d'entendre ce genre de paroles.

-Je ne peux pas car mon rang me l'interdit. Vous avez de la chance si vous pouvez, et je ne sais pas quel rang vous avez, maisles duchesses n'ont pas le droit de s'ccuper elles-mêmes de leurs chevaux.

Elle avait parlé clairement, et en articulant bien chaque syllabe.

Léxia vit le jeune homme pouffer.

-Ca vous fait rire ? Je ne peux pas, et je n'y suis pour rien ! Je risque mon titre à m'occuper d'un cheval, et mes parents ne me le pardonneraient pas. Le Tsar non plus, d'ailleurs, et le tableau serait vite jeté.

Sans s'en rendre compte elle avit mentionné le tableau d'elle accroché dans la salle à manger, avec tous les tsars. Ils allaient encore pouffer.

- Jeune fille, votre inconséquence est affligeante! fit-elle claquer sans aucune amabilité, avant même que le palfrenier... Roman, ne lui réponde.

La colère l'avait piquée et elle était partie furieuse comme un cheval piqué par un taon... ou un fer chauffé à blanc.

- Vous cacher derrière votre titre n'est qu'un prétexte. Vous êtes l'exemple même de la tare de la noblesse. Vous me faites honte d'apartenir à la même caste que vous. Je ne suis peut-être que fille de vicompte, et Roman palfrenier, mais nous avons tous trois le pouvoir de saisir notre vie à pleines mains, et votre rang, que vous perdrez au mariage de toute façon, n'est rien que de la poudre aux yeux, de l'esbrouffe, pour que l'on plaigne votre petite personne et pour vous éviter de vous salir les mains.

Votre excuse, Duchesse, (elle avait dit ce mot comme on crache à terre) est la gangrène de cette cour!

La jeune fille ne semblait pas réagire. La colère emplissait encore les veines d'Irina, mais elle fit son possible pour la maîtriser.

- Alors, si vous nous disiez ce que vous désirez... Au lieu de vous plaindre de votre petite personne.

Peu importaient les règles et les codes, si un noble voulait les respecter, et quand bien même cela était un fardeau à porter, la descence exigeait de garder cela pour soi. Irina avait horeure des contraintes, mais elle savait garder ses émotions pour elle.

La réaction de Roman donna un grand éclat de rire à Léxia. Elle le regarda, puis lui dit le fond de sa pensée.

-Pourquoi ne dites-vous rien, alors que vous en pensez autant ? Votre amie a au moins la force d'avouer ce qu'elle pense !

Et la réaction d'Irina lui plut, contrairement à ce que l'on aurait pû penser. Elle aussi a beaucoup de caractère et ne peut pas retenir ce qu'elle pense, que ce soit un compliment ou le contraire. Elle lui répondit donc avec un gardn sourire.

-Et bien je souhaiterai que le jeune homme me donne mon cheval, et vite ! Mais avant j'aimerai tout de même bien savoir qui vous êtes, pour la prochaine fois. Quer je sache à qui j'ai affaire...

Elle ne lui voulait aps de mal, juste savoir qui était cette personne et en apprendre plus sur elle.

Elle eut un petit rire.

-Mes valeurs ? Mais vous ne les connaissez pas, mes valeurs ! Sinon vous ne seriez pas en train de me dire que "vous n'êtes qu'un fifre", ou un bon à rien ! Ma meilleure amie est bien moins noble et bien moins riche que vous ! Elle n'a jamais mis les pieds à la Cour, et j'ai énormément de respect pour elle, comme je pourrai en avoir pour vous si vous n'inventiez pas des paroles que je n'ai pas dites !

Elle s'était emportée mais elle en avait marre qu'on lui dise ce qu'elle pensait. Personne encore ne lui avait dit une telle chose.

Elle arriva dans les écuries, elle vit lexia.
Elle ne savait pas qu'elle était noble de naissance mais elle était la fiancé d'Artur.

-Bonjour

Elle leur sourit.

Léxia allait couper court à la conversation quand Sofia arriva. Elle ignora le long monologue du palefrenier et alla la saluer.

-Sofia ! Quel bonheur de te revoir ! Ma parole tu avais disparu ?

Cela faisait au moins deux semaines que Léxia n'avait pas vu sa meilleure amie.

- Tu voies Roman, nous ne sommes pas assez biens pour garder l'attention de Madame la Duchesse . Tu as eu tord de gacher ta salive à tenter de lui montrer son ridicule et son impolitesse, elle est comme les petits enfants, agitons un jouet brillant devant eux et ils tournent la tête, évitent leurs problèmes et disparaissent. Débarrassons-nous donc d'elle rapidement avant que je perde mon sang-froid et que je lui botte les fesses. Veux-tu me montrer son cheval que je t'aide à le préparer.

Irina s'était adressée à Roman dirrectement, mais assez fort pour que cela n'échape pas le moindre du monde à la jeune poule.

- Je me présente Roman, je m'apelle Irina. Et je ne suis pas mécontente de ne pas être assez bien pour être présentée à une si noble Dame .