Gretchen

Ermolai escorta la princesse d'Autriche jusqu'à la chambre d'Akilina. C'était la reine d'Autriche elle même qui avait demandé à ce que sa fille soit prise en charge par la peintre officielle de la Cour. Elle la connaissait de renom et souhaitait qu'elle s'occupe de sa fille. Pour les précepteurs, elle avait laissé le choix, pas pour la tutrice. Ermolai frappa à la porte et dit:

-Vous allez voir, c'est une femme charmante.

Mais il n'ajouta rien, c'était inutile: la petite n'avait pas du tout l'air angoissé. Elle avait l'air plutôt curieuse,même, et impatiente. Elle devait avoir l'habitude d'être confiée à d'autres. Et du peu qu'en voyait Ermolai, elle avait l'air d'un tempérament à s'attirer les faveurs de n'importe quel ours mal léché!

Gretchen sourit: elle avait hâte de voir sa nouvelle tutrice. Elle n'avait pas la moindre peur, juste une curiosité débordante. Mais pourquoi aurait-elle eu peur? Tout le monde l'avait toujours choyée, elle ne pouvait pas imaginer qu'il en fut autrement. D'ailleurs, sa mère lui avait beaucoup parlé d'Akilina et lui en avait dit le plus grand bien.

-Je n'en doute pas. Merci de m'avoir accompagnée.

Cet homme aussi était très gentil. Elle sentait déjà qu'elle allait beaucoup se plaire en Russie!

Akilina attendait impatiemment la venue de Gretchen. Elle avait hate de la rencontrer. Elle entendit frapper à la porte. Rapidemment elle l'ouvrit et sourit en appercevant Emolai, et la jeune fille.
Elle salua Ermolai, et se retourna vers Gretchen.

- Bonjour ! Je suis Akilina, enchantée de faire enfin ta connaissance ! Je vous en prie, rentraient !

Elle se recula pour les laisser entrer.

Gretchen sourit à la jolie jeune femme qui allait être sa tutrice:

-Bonjour, moi aussi je suis enchantée de faire votre connaissance!

Et ce n'étaient pas des paroles en l'air, elle était vraiment enchantée. Akilina avait l'air très gentille et elle sentait d'ors et déjà qu'elles allaient s'entendre à merveille. Il ne restait plus qu'un point à régler:

-Bonbon peut entrer aussi?

Elle désigna son petit cochon rose qui, jusque là, était passé inaperçu, assis à côté du pied de sa maîtresse.

Ermolai sourit devant cette demande pour le moins étonnante. Les autres princesses avaient des chiens, des chats voire des hermines ou autres fantaisies de ce genre mais il n'en avait encore jamais vu avec un cochon. Comme quoi, tout arrive!

Akilina sourit en appercevant le petit cochon.

- Oh ! Il est mignion ! Bien sur qu'il peut rentrer ! Il ne va pas manger mon tapis ?

Elle sourit. C'était rare pour une princesse d'emmener un cochon avec elle. Des chiens, des oiseaux ou meme des chats, oui, mais des cochon ! Elle trouvait l'idée amusante, et surtout parce qu'il était adorable.

Gretchen sourit: Akilina acceptait Bonbon, tout était pour le mieux. Elle avait su dès le départ que sa nouvelle tutrice serait fantastique et elle en avait d'ors et déjà la confirmation. Elle répondit, très heureuse de la tournure que prenaient les événements:

-Non, il ne mange que ce qu'on lui donne à manger. Il est très propre et très bien élevé, promis!

Puis elle entra à la suite d'Akilina, Bonbon sur ses talons. Il poussa un petit gognement de satisfaction quand il put s'allonger sur le tapis: c'était encore un porcelet et le voyage avait été éreintant. Il était bien content de retrouver une maison avec tout le confort.

Akilina sourit :

- Alors c'est parfait ! Allez y, installez-vous. Vous désirez quelque chose, à manger, à boire, ou autre ?

Elle sourit en appercevant le petit cochon s'allonger. Gretchen avait l'air trés gentille, comme elle l'espérait.

Gretchen était assoifée, elle fut donc ravie de l'offre d'Akilina. En effet, la route avait été longue et parfois difficile et lorsqu'ils étaient arrivés, ils étaient venus directement ici. Elle était complètement déshydratée.

-Oh, oui, merci, je voudrais bien un verre de lait s'il vous plait! Et un peu d'eau pour Bonbon aussi, s'il vous plait! L'eau que nous avons bue durant le voyage était chaude et assez peu déshaltérante!

Gretchen regardait autour d'elle et admirait la décoration subtile et élégante de la pièce. On lui avait dit qu'Akilina était peintre et elle n'avait aucun mal à le croire, cette pièce le clamait haut et fort. Un si bon goût, ça ne s'invente pas. Elle tomba en arrêt devant le portrait d'une vieille femme. Elle n'était pas particulièrement belle mais on sentait en elle tout le poids de sa vie passée, des bonheurs, des peines, des efforts fournis, et la bonté qui devait la caractériser.

-Il est de vous, ce tableau?

Ermolai sourit à Akilina: elle ferait une tutrice parfaite. Mais il ne pouvait rester, il avait des affaires importantes à régler. Il prit donc congé, persuadé que la princesse serait très bien chez la jeune femme:

-Merci, mais non, il faut que j'y aille. A bientôt, néanmoins.

Il sortit et se dirigea immédiatement vers la salle des gardes. Il avait un traité économique à composer.

Akilina sourit et salua Ermolai qui s'en allait à grands pas. Elle alla chercher un verre de lait et sa bouteille, une soucoupe d'eau, une tasse de thé, pour elle, et quelques petits gateaux et sucreries.

- Et voilà !

Elle lui sourit, et ajouta.

- Oui, c'est une femme que j'ai connu, il y a longtemps ! Elle m'avait demander de réaliser son portrait, et à sa mort, on me la rendu. C'est une de mes premieres oeuvres !

Elle grinota un baton de sucre d'orge, et dit à la jeune fille.

- Je pense que nous allons passer beaucoup de temps ensemble, alors si tu veux me tutoyer, il n'y a aucuns problèmes !

Elle lui sourit, Gretchen était souriante, polie et bien élevée. Elle se dit qu'elle avait eu beaucoup de chance de tomber sur elle. Elle était adorable.

Gretchen sourit: elle n'aimait pas vouvoyer les gens, elle trouvait que cela mettait de la distance entre soi et son interlocuteur. Elle accepta donc avec plaisir de tutoyer celle avec qui, c'était vrai, elle allait passer beaucoup de temps dorénavant:

-D'accord, je vais te tutoyer!

Gretchen but une gorgée de lait et mangea un gâteau au beurre délicieusement fondant: comme tous les enfants, elle aimait les gâteaux.

-Je suis contente de vivre avec toi ici! J'étais contente de partir mais j'avais un peu peur d'être complètement perdue ici, sans amis au départ! Mais vivre ici ça doit être très agréable, non? J'ai vu un peu le pal en arrivant, il est splendide! Et les gens ont l'air détendus, c'est incroyable! En Autriche l'étiquette est bien plus stricte, j'en ai peur, c'est vraiment fatigant! Et on ne fait pas ceci, mais cela, et on parle à un tel mais pas à l'autre... Tout est codifié. Mais ça ne semble pas être le cas ici...

Comme pour ponctuer la fin de la phrase de son amie, Bonbon poussa un petit ronflement d'aise. Il s'était endormi, là, sur le tapis, bienheureux comme un porcelet nouveau-né.