Aleksei n'avait qu'une hâte: rentrer enfin. Et à en juger par l'accélération de son galop, Boris pensait la même chose. Il n'était pas frileux, il avait vécu en Sibérie, petit, et il pouvait même dire qu'il était devenu insensible à la chaleur et au froid. Là haut, ces mots ne voulaient plus rien dire, et ils avaient disparu de son vocabulaire. Mais il n'empêchait que, comme tout le monde, Aleksei détestait être trempé. Et incontestablement, il l'était. La neige était tombée drue tout le long du voyage qu'il avait entrepris, en Sibérie précisément. Et s'il n'y avait pas eu urgence, il aurait rebroussé chemin, au moins pour son brave cheval. Il ne craignait pas le froid non plus, mais l'eau trempait son pelage dense et alourdissait le moindre de ses mouvements. Aleksei le sentait fatigué. Et ce n'était pas parce qu'il accélérait le galop, en fin de course, qu'il allait mieux. Il le laissa faire, pressé de rentrer, lui aussi. Et pressé de voir dans quel état était Luka... Enfin, il aperçut la ville, puis la boucherie, et enfin, après une semaine de voyage, il descendit de Boris. Il tenait toujours dans ses bras une petite boule enveloppé dans une fourrure. Il le posa par terre et s'occupa de Boris. Pendant une heure, il le pansa pour le sécher. Et enfin, il rentra dans la boucherie, le petit paquet dans les bras.
-Luka? Tu es là?
Question idiote, bien sûr qu'il était là, il était trop mal en point pour se déplacer.